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Transat Jacques Vabre : Option Sud, cap à l’Ouest et cavalcades dans les alizés

14.11.2023


Après une première semaine de course record en termes de lenteur pour l’ensemble des IMOCA, à qui il aura fallu près d’une semaine pour atteindre les Canaries, la flotte s’est finalement scindée en deux, comme prévu, au gré de deux stratégies radicalement opposées : Nord et Sud. Ce sera option Sud pour le duo de Hublot, la dorsale au large du Maroc dans le tableau arrière, direction les alizés. 

Parce qu’en course au large la route la plus courte n’est pas toujours la meilleure, il a fallu faire un choix. Entre route Nord, plus rapide sur le papier mais particulièrement rugueuse, au près, dans de fortes conditions en réalité, et route Sud, plus longue mais portée par les vents portants des alizés, l’équipage d’Hublot a fait son choix. Option Sud ce sera, comme la grande majorité de la flotte des foilers qui a préféré patienter, le temps de traverser la bulle anticyclonique au niveau des archipels le long des côtes africaines, avant de pouvoir filer à toute allure dans le flux d’Est Nord-Est rencontré en-dessous des îles Canaries. Fortement pénalisés pendant la première semaine de course, dans des conditions de vent faible et de face, peu propices à la pleine expression du potentiel de leur bateau, Alan Roura et Simon Koster ont tenu tant bien que mal leur premier objectif : ne pas se faire (trop) distancer par les bateaux plus récents (aux foils plus polyvalents) et plus anciens (à dérives), plus à l’aise qu’eux aux allures au près. Sorti en 28e position de la zone de « pétole » installée au dessus des Canaries, le duo suisse a en effet dû ronger son frein avant de pouvoir affoler les compteurs. Vingtièmes ce mardi après-midi, Alan et Simon respirent enfin, affichant de nouveau des vitesses au delà de 20 nœuds, tout droit ou presque vers la Martinique.

Pari au Sud 

Tout droit, enfin, puisque le groupe du Sud, FOR PEOPLE de Thomas Ruyant et Morgan Lagravière en tête, s’était jusqu’ici beaucoup rallongé le chemin, en plongeant perpendiculairement par rapport à la route directe. Au Nord, le groupe mené par TeamWork (Justine Mettraux et Julien Villion) a lui opté pour une trajectoire plus proche de l’orthodromie, progressant davantage en cap et bénéficiant ainsi d’un classement bien plus flatteur, malgré des vitesses inférieures et une porte de sortie vers le Sud encore inconnue. Qui croisera devant, quel groupe sera derrière au moment du regroupement de la flotte ? Bien malin celui ou celle qui saura prédire l’issue de ces stratégies bien tranchées, qu’Alan qualifiait lui-même de « coup de poker » avant le départ. Alors comment le duo 100% suisse s’est-il décidé ? « Pourquoi le Sud ? Parce qu’il fait fait chaud et beau, non ? », ironisait d’abord Alan avant d’expliquer le choix que son co-skipper et lui ont longuement mûri : « La route Sud n’a pas été facile à choisir car sur le papier, elle est bien plus longue, mais la confusion des fichiers météo et les conditions rencontrées sur l’option Nord ne nous ont pas rassurés. La navigation au près dans de la mer formée n’est clairement pas pour notre bateau, nous avons donc préféré aller chercher des vents portants, pour lesquels Hublot a été dessiné. » C’est donc avant tout dans un souci de performance pure que les deux marins ont choisi l’option la plus rapide pour leur monture. Mais également parce que ce choix s’inscrit dans le processus de préparation du Genevois de 30 ans à son troisième Vendée Globe. « On voulait aussi jouer avec les copains, pour se confronter, poursuit-il ainsi. Et vu qu’il sont partis au Sud, ça tombait bien de faire pareil ! Notre bateau est un bateau de portant, c’est toujours intéressant de voir ce qu’il a dans le ventre. » Un choix par souci de préservation, aussi ? « Nous avons opté pour le Sud pour les alizés, mais aussi afin d’éviter de casser trop de matériel dans le Nord, admet enfin Alan, qui doit participer au Retour à La Base le 30 novembre prochain. Si on casse dans le Nord, il n’y a pas de porte de sortie. À un an du Vendée Globe, je n’avais pas non plus envie de prendre de risques trop importants. » Après 9 jours d’attente à étudier la météo puis 7 jours de course à scruter et éplucher chaque bulletin, c’est donc une décision éclairée et assumée qu’ont prise Alan et Simon. « On préfère se confronter à nos concurrents directs quitte à être dans le bas du classement, que de faire une route plus courte et être dans le Top 10 pendant des jours, mais risquer de perdre 10 places sur les trois derniers jours et au classement final. » Le suspense reste donc entier avant de pouvoir faire les comptes, dans une huitaine de jours, à Fort-de-France ! 



Photo © Alan Roura / Hublot 



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