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Vendée Globe - Jour 9

16.11.2020


Il y  a des jours avec et d'autres sans. Hier, c’était un jour sans et, comme c’est souvent le cas, c’était lié à la météo. Il faisait grand beau, mer plate mais plus un souffle de vent. La Fabrique collée sur l'eau et moi en train de me bouffer les doigts. 

Où ai-je merdé? Est-ce que ça n'arrive qu’à moi ? Un peu ras le bol de cette roulette russe où tu en as un à 30 miles sous le vent qui avance à 15 noeuds quand toi tu es à 2 noeuds… Cette zone n'était pas censée être aussi molle, j’avais envie de pleurer. Tant de travail de puis 4 ans avec mon équipe, tant d'efforts depuis le départ pour rester dans le match malgré des conditions loin d’être faites pour mon bateau et moi je me mets dans la seul zone de merde et voilà que tout tombe à l'eau… Au moins, j’ai réparé le plexiglass de ma casquette. J’aurais préféré ne pas être étanche et avancer que de pouvoir admirer cette belle réparation avec les voiles qui claquent, mais bon… J'ai voulu faire un petit tour en drone histoire de passer le temps et vous faire de belles images, mais même lui en a eu marre de moi : il a préféré se noyer que de revenir à bord. Il y a des jours comme ça, où on préfèrerait se trouver à la place de vous tous qui suivez sur la carto et qui ne comprenez pas pourquoi je n'avance pas. C’était un jour sans.

Mais il ne faut pas craquer, il faut tenir bon et ne pas perdre espoir. Comme on dit, l’espoir fait vivre. Si je suis ici aujourd'hui, c'est parce que j'y ai toujours cru, et je vais y croire encore, et encore. Rien n'est encore joué. Ok Clarisse et Giancarlo sont passés, ok. Mais je n’ai pas dit mon dernier mot. 

Cette nuit j'ai tout donné, je n’ai pas lâché les 115% de la polaire. Visiblement pas assez pour tenir les autres, mais c'est déjà pas mal. Maintenant, reste à envoyer du petit biscuit avec ma citrouille flottante. J’ai dû boire un litre de café pour tenir, je suis chaud bouillant. Je dis sûrement ça pour me rassurer un peu, d’autant que vous ne le savez peut-être pas, mais la majorité des concurrents vont voir et écouter les messages des autres skippers pour savoir comment ils vont, dans quel état d'esprit ils se trouvent. Alors parfois il faut jouer le jeu et dire que tout va bien, même quand ça ne va pas du tout. Moi, je pars du principe que je n'ai rien à cacher et que clairement celui qui dit que tout va toujours bien sur un Vendée Globe, c'est qu’en fait rien ne va !

Par contre, je n’ai peut-être pas la voile pour le temps actuel. Non pas que je ne veux pas la mettre mais c’est que l'on doit faire un choix avant de partir, 8 voiles max. Dès que le vent va monter ça ira mieux, ça ne saurait tarder. Même si actuellement, je suis censé être sur la route avec un vent à 110° du bateau et que je suis à 85, et pas sur la route. Bref ! 

Je garde la pêche, l'envie de me battre et de ne pas décevoir. Je crois que c'est ma motivation première. Mes sponsors qui ont cru en moi, mon équipe, mes proches, mon pays… Je n'ai pas le droit de décevoir tout ce monde-là.

Ce matin, j’ai 9 noeuds de vent et je tiens mes 12 noeuds de vitesse, c’est pas mal… C’est même super. Après oui, nous avons des foils, un bateau beaucoup modifié, mais ça reste un bateau de 2007. Ok, vous allez me dire que Jean Le Cam aussi ! Mais Jean c'est un extraterrestre et c’est son 5ème Vendée ! Je tiens à saluer sa performance d’ailleurs, qui est un exemple, tout comme celles de Damien et Benjamin. Super boulot les mecs, mais si vous pouviez m'attendre un peu, je suis preneur !


Image d'illustration © Pierre Bouras / La Fabrique Sailing Team



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