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Vendée Globe - Jour 76

22.01.2021

Une bande de nuages assez noirs est derrière moi, ce n’est pas super bon signe… Cela veut dire que le front est en train de le rattraper petit à petit, ce qui va provoquer une zone encore plus instable que celle où je me trouve déjà. J'ai malgré tout réussi à ne pas trop trop mal avancer cette nuit, mais mon ami Cali est repassé devant. Et ça, ça ne va pas du tout ! 

Pourtant, je n’ai pas l'impression d'enfiler des perles, loin de là. J'ai fermé l'oeil une heure, en cumulé, cette nuit, à la belle étoile. J’ai installé mon petit lit dans le fond du cockpit, déjà parce qu’il faisait 32°C et qu’il fallait en plus que je lance une charge moteur, donc je ne vous raconte pas la chaleur à l’intérieur de La Fabrique ! Mais aussi afin d'être au plus proche de la manœuvre et de pouvoir régler sans arrêt le bateau. Pour gagner 0.2 noeuds au final, c'est toujours ça de gagné, mais ça ne semble pas avoir suffit pour maintenir ma toute petite avance… J’espère ne pas avoir encore dit mon dernier mot. 

Une belle houle est arrivée depuis hier soir, celle du vent qui est juste derrière. Ça n’aide pas non plus pour que les voiles restent un minimum gonflées. Vers minuit, j’ai eu un petit 5 noeuds de vent, mais depuis c'est le retour de la molle de l'espace intergalactique. 2 noeuds de vent !… À cette allure-là, on n’est pas arrivés à la maison !

Mon capot moteur rembourré avec de la mousse est un super punching-ball. Mais je reste gonflé à bloc, envie de sortir au plus vite de cette zone car je commence à saturer. J'ai perdu toute l’avance que j'avais sur Stéphane Le Diraison et les autres, ça fait mal. Très mal. Il va falloir continuer d’envoyer du charbon jusqu'aux Sables pour tenter de rester devant ! Je suis tellement motivé que j'en oublie que mon bateau est handicapé. Au final ça me boosterait presque encore plus. J'ai tellement envie de bien faire, de finir à l’avant de ce groupe. Ne pas juste dire : « J’ai réussi à faire un demi tour du monde avec une quille dans l'axe », mais aussi que j'ai réussi à tenir tête à des bateaux identiques au mien. 

Gad Elmaleh chantait : « Petit oiseau, si tu n'as pas d'ailes, tu peux pas voler. Petit oiseau, si tu n'as pas d'ailes, tu peux marcher ». Et bien petit bateau, si tu peux pas quiller, tu peux naviguer. Et si tu peux naviguer, tu peux encore en dérouiller certains ! C’était la petite phrase poétique du matin !



Image d'illustration © Christophe Breschi 



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