Alan Roura et le Team AMAALA ont terminé 7e de la 5e et dernière étape de The Ocean Race Europe, qui marque la fin de la partie « offshore » de l’épreuve. À quelques jours de la dernière course, un parcours côtier dans les bouches de Kotor, l’heure est à un premier bilan de ce lancement réussi du projet de la Swiss Offshore Team, dont l’ambition est de former les jeunes marins suisses à la course au large pour participer à The Ocean Race autour du monde en 2027. Une première aventure qui marque les esprits et qui promet de belles histoires à venir.
« C’est un mélange de sentiments, on était excités d’arriver mais un peu triste qu’une aventure incroyable touche à sa fin. Neuf jours de mer, sans rien à manger sur la fin, beaucoup de rebondissements, des moments mentalement difficiles quand l’écart avec nos concurrents est passé de 2 milles à 300 milles… C’était une longue étape mais nous l’avons vraiment appréciée, et nous avons eu une très belle arrivée avec le coucher du soleil dans ce décor magnifique.
Sur le plan sportif, je dois avouer que j’avais la boule au ventre. Je suis compétiteur, et dans ma tête, les Canadiens devaient finir derrière nous. C’était un objectif clair. Les rejoindre et les dépasser à un moment en entrant dans l’Adriatique a été une petite victoire. Mon objectif depuis le début était de les battre au moins sur une étape, cela ne s’est pas produit, mais on est fiers de les avoir inquiétés pendant un temps. Et ce n’est pas fini ! Il nous reste encore la régate de samedi. Et je pense que nous leur avons fait peur ces derniers jours. Nous avons vraiment poussé très fort et nous sommes passés tout près…
Nous leur avons prouvé que nous étions bien présents : sérieux, performants, capables de rivaliser. Même avec un bateau plus ancien, nous avons réussi à être un court moment devant celui qui a remporté la dernière Ocean Race et terminé 3e du Vendée Globe. C’est une belle satisfaction et cela montre qu’il nous faut revenir avec un bateau plus compétitif et une préparation aboutie, pour nous battre avec les autres. Car si on a réussi à s’accrocher, on est toujours assez loin au final, il y a un fossé à combler.
Au-delà du résultat, ce que j’ai vraiment adoré, c’est l’aspect humain. À chaque étape, l’équipage changeait. Cela demandait énormément de travail, de transmission, d’adaptation. Ce que j’ai trouvé le plus fort, c’est de voir certaines personnes qui n’avaient jamais passé une nuit en mer, et de les guider pour qu’elles naviguent sur un IMOCA, règlent les voiles en continu… et surtout, prennent plaisir à le faire.
Et puis, il y a eu la beauté du voyage : la Sicile, l’Albanie, des paysages sublimes, des arrivées colorées et mémorables. Une course longue, exigeante, mais surtout fabuleuse.
J’ai aussi découvert un rôle de leader d’équipe, que je ne connaissais pas. Moi qui manque parfois de confiance en moi, je suis très fier aujourd’hui d’avoir tenu ce rôle. Cette course a été une superbe mise en jambe pour le tour du monde qui nous attend. »
Photos © Mark Lloyd / The Ocean Race Europe