Le rythme s’accélère pour les équipes de la société Navman, structure de gestion des projets d’Alan Roura. La priorité de ces derniers mois étant la recherche de partenaires et l’acquisition puis la prise en main de son nouveau bateau, le skipper suisse avait en effet réduit ses effectifs et ralenti la cadence. Depuis mardi dernier, et la sortie d’eau de son IMOCA, les choses sérieuses reprennent tandis que les rangs se sont renforcés.
Sons et lumières ont réinvesti le Bâtiment Glorieux 2 de la Base des sous-marins de Lorient. Ponceuses, meuleuses et visseuses ronronnent à nouveau, tandis que les spots illuminent et prolongent les fins de journées du team d’Alan Roura. Début février, les salariés de la société Navman ont de fait repris leurs fonctions, pour quelques premières semaines consacrées à la navigation et au réaménagement de leurs espaces de travail. Un mois plus tard, lundi 28 février, le nouvel IMOCA du skipper suisse sortait de l’eau pour un chantier « contre la montre » d’une durée d’un mois. L’objectif principal étant celui d’une remise à l’eau du bateau avec sa nouvelle décoration début avril, les dossiers et échéances ne manquent assurément pas : désarmement et contrôle total du bateau, vérification de l’accastillage, ponçage intégral de la carène et du pont, shooting photos, tournages vidéos, annonce du partenaire principal, validation du design, peinture des voiles, ré-armement du bateau… « Le bateau a été extrêmement bien construit et a déjà bénéficié de ses deux années de mise au point et de fiabilisation, explique Alan. Nous n’envisageons donc aucune modification pour cette année, mais avec la machine qui s’est relancée d’un seul coup et les premières courses qui approchent, la job-list n’en est pas moins longue ! Le timing est serré mais le challenge ne nous fait pas peur. J’ai confiance en mon équipe. » S’il peut se permettre cet optimisme qui le caractérise tant, c’est que le Genevois de 29 ans sait qu’il peut s’appuyer sur ceux qui l’accompagnent depuis plusieurs années. Mais aussi parce qu’il peut désormais compter sur une équipe renforcée.
Les ambitions sportives évoluant, le team continue en effet de s’agrandir et se professionnaliser, par le biais de restructurations en interne et du recrutement de nouvelles compétences. Ainsi, Cyril Enjalran, Alexis Monier et Delphine Largenton poursuivent l’aventure, respectivement en tant que Directeur technique, Boat Captain et Responsable administratif et financier, tandis que Simon Vasseur vient renforcer le pôle technique en qualité de responsable du gréement. Deux autres préparateurs, spécialisés en composite et en électronique, entameront leur mission ces prochaines semaines. Enfin, Allyson Mousselon devient Team Manager, afin de gérer le projet dans son ensemble. Ingénieure de formation, régatière assidue et dotée d’une hyperactivité contagieuse, c’est dans l’industrie qu’elle a forgée ses premières années d’expérience, avant de sauter le pas et d’intégrer un milieu qui l’attirait depuis déjà longtemps : « La course au large m’a toujours donné envie, car c’est un secteur qui est à la croisée de ce que j’aime faire dans la vie : la voile, la compétition, l’humain, l’organisation, la technique et le travail en équipe. Mais c’est véritablement la personnalité attachante d’Alan et son mode de fonctionnement qui ont pesé dans la balance. Il s’est entouré d’un noyau dur fidèle, l’ambiance est soudée, l’esprit d’équipe très fort. On y adhère ou pas… Moi, j’ai adhéré ! » Pour ce rôle de chef d’orchestre, c’est donc sur une personnalité pétillante mais aussi, et surtout, sur une solide expérience que le choix d’Alan s’est porté. « J’avais besoin de quelqu’un qui correspondait à notre philosophie et à notre façon de travailler, mais qui nous apporterait aussi davantage de structuration. explique-t-il. Allyson coche toutes les cases. » L’intéressée confirme : « Je vois mon rôle comme celui d’un liant entre les différentes entités du projet, en interne comme en externe, au sein des différents pôles de l’équipe, avec la classe, les organisateurs de courses, les partenaires… Faire en sorte que tout soit fluide, d’un point de vue humain, financier et technique, en collaboration avec les personnes directement en charge des parties concernées. Je pense pouvoir apporter un certain cadre, instaurer certaines habitudes de par mes expériences passées dans le secteur privé de l’industrie. Tout en essayant d’avoir le curseur au bon endroit, pour que tout fonctionne. Vis-à-vis d’Alan, je suis là pour le soulager d’une partie de ses fonctions de chef d’entreprise, afin qu’il puisse dédier 90% de son temps à son projet sportif et moins se soucier des urgences du quotidien. » Un relai fondamental et nécessaire pour Alan, dont le projet a changé de catégorie depuis le rachat d’un bateau au potentiel gagnant sur le prochain Vendée Globe. Le skipper a d’ailleurs déjà repris sa préparation, physique et mentale, encadré de coachs avec lesquels il travaille depuis plusieurs années. Derniers entraînements en avril et première course en mai, dans deux mois pile, en ligne de mire !
Photo © Vincent Curutchet