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Les alizés, enfin !

20.11.2022


Depuis deux jours, l’IMOCA Hublot file à vive allure, naviguant (enfin) dans les vents portants de l’Atlantique sud, les alizés tant attendus. S’il ne reste que moins de 1 000 milles à Alan Roura pour atteindre la Guadeloupe, la route ne s’annonce pas moins longue ni éprouvante si le jeune Suisse, actuellement 21e, souhaite réaliser une ultime remontée.

Qu’elle est longue et difficile cette Route du Rhum ! Après une interminable première semaine, à enchaîner les fronts et à traverser le golfe de Gascogne dans une mer croisée, par vent de face et au coeur d’un intense trafic maritime, Alan Roura atteignait enfin les Açores et pensait pouvoir surfer la vague et filer, « pleine balle jusqu’à l’autre côté ». Mais c’était sans compter sur un impitoyable anticyclone et la dorsale lui succédant, rôdant aux alentours de l’archipel portugais, s’étalant d’est en ouest, telle une longue langue de prédateur attendant d’emprisonner ses proies. Parmi ses victimes, l’IMOCA Hublot demeure le plus touché, bloqué pendant deux jours dans une zone sans vent, évoluant péniblement à 1 ou 2 noeuds de vitesse de moyenne. De quoi s’arracher les cheveux à bord, comme en témoignait son pauvre skipper, impuissant, vendredi 18 novembre au matin : « Panne de vent pendant 48 heures, ça pique ! Ça passait à gauche et à droite mais pas où j’étais. Dur à accepter, mais c'est malheureusement le jeu. » Entré en 14e position, ressorti 27e, épuisé tant physiquement que moralement, Alan n’est pas récompensé de ses efforts, après déjà plusieurs jours à cravacher pour rattraper son retard de la première partie de course. L’option de passer au sud de la zone de transition n’était pourtant, sur le papier, pas si mauvaise et permettait d’en finir plus rapidement avec le près pour atteindre les alizés, en route directe vers les Antilles. Mais entre les fichiers et la réalité, il y a parfois un monde, et le skipper de Hublot s’est finalement retrouvé dans l’impasse, forcé de subir sa position en attendant que le vent ne revienne. « J’essaye de me remonter le moral comme je peux, je suis vraiment déçu de cette course, de mon classement. C'est vraiment lourd à accepter. » regrettait-il. 

Nouveau départ et sprint final 

Dès vendredi midi (heure française), alors que les airs forcissaient, Alan reprenait de la vitesse et entamait le début d’une nouvelle « remontada ». Six places de gagnées plus tard, le voici 21e, dans une position au sud de la flotte. Mi-contraint par l’angle de vent, mi-convaincu qu’il se doit de « tenter quelque chose stratégiquement » s’il veut se démarquer du reste de son groupe, en bénéficiant d’alizés plus appuyés que ceux plus au nord, sur une route plus directe mais moins véloce. Ce dimanche, Hublot affiche ainsi l’une des plus belles moyennes sur 24 heures avec plus de 17 noeuds au compteur, mais devra se recaler prochainement pour incurver sa route, direction la Guadeloupe. « Si je veux me rattraper, c’est maintenant, sur ce bord que ça va se jouer, alors : À DONF ! » écrivait son skipper, plus motivé que jamais à terminer sa course sans davantage de regrets. Arrivée prévue mardi 22 novembre !





Photo d'illustration © Jean-Louis Carli



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