alan-le-29-decembre-2020

Alan, le 29 décembre 2020

30.12.2020


Bricolage, manoeuvres et stratégie : mardi matin,  lors de sa vacation avec l'organisation du Vendée Globe, Alan racontait son quotidien et aborde la deuxième partie de sa course sous un jour nouveau.

« On est au portant plein cul dans des airs plutôt faibles, belle mer , ça a été une journée bricolage histoire de remettre La Fabrique propre pour la suite. Il y a du soleil. C’est un peu les vacances à la mer, ça permet de se reposer un peu. J’ai eu mes histoires d’huile dans le bateau, ça a l’air d’être réglé : je n’ai plus de fuite même si la quille reste capricieuse dans sa pendulation. J’ai deux jours corrects devant moi encore pour trouver des solutions. Je suis monté au mât aussi, j’avais un souci de hook de tête. J’ai bricolé sur mon hyrogénérateur bâbord dont le support est complètement délaminé. 

Il y a des choses qu’ont peut réparer, d’autres non, pour le moment je touche du bois. Le bateau va bien, le bonhomme a repris des forces. On est parés pour la fin de ce grand Sud qui ne s’annonce pas trop mal. On va essayer de naviguer proprement et de se décoller un peu de ceux de derrière qui sont revenus fort ces derniers jours. Ils ont eu du vent plus fort sur un meilleur angle que moi. Il fallait accepter et maintenant il ne faut rien lâcher jusqu’à la sortie de ces conditions un peu molles. Derrière ça va dérouler le tapis jusqu’au Horn.

Il y a un petit couloir… Pour gagner un noeud de vent, il va falloir se taper 52 empannages pour en sortir ! L’idée va être de faire des bords assez bas, assez proche de la zone des glaces mais tout en gardant une petite marge de sécurité. Depuis 24h j’ai gardé une distance d'environ 10 milles de la ZEA, c’est bien parce que forcément il y a un peu plus d’air mais par contre c’est très stressant : quand on fait une sieste, il faut mettre toutes les alarmes. Le vent a pas mal basculé ces derniers jours. Il faut faire attention, il ne faut pas avoir de souci technique, ne pas devoir changer de bord dans l’urgence… L’idée sera donc de faire une route dans une cinquantaine de milles de la zone interdite.

Je n’avais plus de drisse de tête depuis un sacré bout de temps, j’ai mis un gennaker pour la nuit et je mettrai le spi au lever du jour. Le ciel était assez orageux hier soir donc je n’ai pas voulu prendre de risque pour la nuit. La journée, il faisait grand beau mais à la tombée de la nuit, ça s’est couvert avec des petites rafales, ça faisait assez peur j’ai bien fait de ne pas envoyer le spi tout de suite.

Les nuits sont très courtes, à 56° Sud lorsque vous vous couchez, le jour se lève pour nous, il doit y avoir à peu près douze heures de décalage. Ça y est le décompte est dans le bon sens ! Il faut juste sortir du Sud rapidement, et espérer des bonnes conditions pour la remontée de l’Atlantique. La route se dessine bien devant même si le Pacifique risque d’être un peu musclé. Ça fait partie du jeu du moment que la mer est rangée, ça ne me dérange pas d’avoir du vent ! Dans l’Indien, la mer était terrible et empêchait les bateaux de notre groupe d’avancer. J’aimerais bien tenir de belles moyennes, ce que j’e n’ai pas réussi à faire depuis mon entrée dans le grand Sud.

J’ai encore quelques bricoles sur le bateau, j’ai un souci avec un jockey pool, la pièce qui me permet d’écarter les voiles d’avant, le gennaker et le spi pour être le plus abattu possible, que les voiles aient une meilleure forme. Pour le moment je navigue sans car la pièce accrochée dans la coque s’arrache au fur et à mesure des heures. Je n’ai pas envie d’avoir une voie d’eau pour le moment. Ce n’est pas dramatique mais toujours ça de moins niveau performance. Dans l’ensemble le bateau va bien, j’essaye de résoudre tous mes problèmes de quille pour être vraiment serein. On va tout faire pour faire un joli Sud.

Je n’ai pas encore eu le temps de me raser, mais je me suis lavé les cheveux hier parce que j’avais plein d’huile. Je me suis reposé aussi, ça fait du bien de pouvoir s’allonger sans devoir s’agripper partout ! Je suis mieux à la fois dans ma tête et dans mon corps. »


Image d'illustration © Pierre Bouras / La Fabrique



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