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L’après-Vendée Globe / MARS : Gérer les troupes

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Quatre mois après son retour de Vendée Globe, Alan vous dévoile les coulisses de la construction de ses projets.

« L’attente est un poids particulièrement pénible à porter. Pour moi, mais surtout vis-à-vis de ceux qui m’entourent. Cela fait bientôt 10 ans que j’ai fondé mon entreprise de gestion de projet sportif. Et depuis bientôt 10 ans, j’ai la chance de pouvoir compter sur une même base d’équipe. Au sein d’une TPE de 8 personnes et d’un secteur d’activité à la concurrence redoutable, cette absence de turnover est une fierté à laquelle je suis très attaché. Cela veut dire que les gens sont heureux de travailler avec moi, qu’ils se sentent bien et qu’ils ont trouvé leur équilibre. Et pourtant, que c’est difficile parfois ! Les coups de rush, les imprévus, les heures sup et les nocturnes, les désaccords, les convoyages, les départs et arrivées loin de chez eux, les veilles pendant les courses, les déceptions et les coups durs… Mais que c’est beau, aussi ! De pouvoir considérer son équipe comme des amis, comme une famille, avec tout ce temps passé ensemble, ces moments de vie partagés, ces joies, ces peines, ces émotions vibrantes toujours célébrées. 

Alors quand je leur ai parlé de cette idée d’équipage, j’étais heureux de les voir animés par ce projet. Cela me permettait de proposer quelque chose de nouveau à cette équipe fidèle, à qui je dois aussi un semblant de « sécurité de l’emploi ». Car c’est aussi à ça que l’on pense dans « l’entre-deux ». À subvenir aux besoin de ceux qui ont tout donné pour me voir parvenir à mes fins. C’est une préoccupation qui occupe constamment mes esprits, qui influence chacune de mes décisions. Ce n’est pas toujours compatible avec la performance comme on l’entend, mais je suis comme ça. 

Car on parle souvent de deux types de marins en course au large : les « pilotes » et les « skippers entrepreneurs ». Je fais définitivement partie de cette 2e catégorie, qui est désormais de moins en moins représentée, car de moins en moins compatible avec le résultat sportif. Il n’est quasi plus possible de mener ces deux rôles de front. Je ne peux malheureusement plus passer autant de temps à gérer mon entreprise, mon projet et mon équipe pendant que d’autres mettent ce temps à profit pour naviguer, se préparer et s’améliorer dans ce qu’ils savent déjà faire de mieux : aller vite sur leur bateau. Pour pouvoir moi aussi me concentrer sur mon activité principale de navigateur, je dois donc pouvoir m’appuyer sur une équipe prête à prendre le relais sur la gestion de projet. 

On échange donc, collectivement, pour continuer d’apprendre, changer ce qu’on peut changer, essayer de s’améliorer. On imagine la suite ensemble et on avance. Certains décident de quitter le navire, d’autres s’accrochent et décident de me faire confiance, d’avoir foi en l’avenir. Alors on fonce, tête baissée comme on l’a toujours fait, et on y croit ! »



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