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Défi Azimut : une rentrée pleine d’enseignements

19.09.2022


Quand la classe IMOCA fait sa rentrée, elle ne fait pas semblant ! En quatre jours, les 28 bateaux engagés dans le Défi Azimut auront enchaîné des runs de vitesse en équipage, 500 milles en solitaire et un tour de l’île de Groix… Un programme bien chargé, dont le skipper de Hublot, Alan Roura, tire un bilan contrasté, entre plaisir de retourner sur l’eau et frustration d’en avoir « encore sous la pédale » !

« Je comprends que le précédent propriétaire du bateau, Alex Thomson, n’était pas venu faire cette course… », s’amuse Alan Roura, dont l’humour n’a visiblement pas été éprouvé par les intenses 96 heures de compétition proposées par le Défi Azimut. Imaginez-vous aux commandes d’un oiseau taillé pour les longs bords de portant au large, cantonné à des petits parcours aux multiples manœuvres, dans des vents instables, voire erratiques… Voilà le casse-tête auquel s’est retrouvé confronté Alan tout au long de ce bel événement lorientais, qui a toutefois permis au skipper suisse d’engranger de nouvelles expériences à bord de sa monture !

Finaliste des runs de vitesse

Mercredi 14 septembre, dans une épaisse brume digne des plus grands films à suspense, la compétition avait pourtant très bien commencé pour l’IMOCA Hublot. Perchée sur ses grands foils en C, la fusée jaune et noire s’est élancée sur les spectaculaires runs de vitesse, pour le plus grand bonheur des partenaires invités à bord.

Au terme des deux premières manches, Alan se qualifie parmi les douze participants de la finale, qu’il finit sur une encourageante huitième place. « C’est toujours difficile d’allier performance et plaisir pour nos invités sur ce format un peu particulier, mais on s’en est bien sortis et tout le monde était ravi de cette entrée en matière ! », se félicite Alan, heureux du travail engagé par son équipe ces derniers mois.

Venait ensuite le « gros morceau » de cette 12e édition du Défi Azimut : les 48 heures en solitaire sur un parcours de près de 500 milles. Une épreuve complexe qui a particulièrement mal commencé pour Alan, gêné sur la ligne de départ par son ami – et néanmoins concurrent – Conrad Colman : « D’emblée, je me retrouve coincé dans le dévent de toute la flotte, et je pars bon dernier. Ça fait forcément mal d’entrée de jeu, mais hors de question de baisser les bras ! »

« J’ai compris la philosophie de ce bateau »

Dès lors, Alan se lance le défi de rattraper son retard. À mesure que la côte s’éloigne et que le vent forcit, le Genevois retrouve ses sensations à bord de Hublot, notamment grâce au travail emmagasiné en juillet, à l’entraînement. « J’ai choisi de faire la route la plus directe, en essayant de miser sur les points forts du bateau », explique Alan, qui grignote les milles sur la concurrence et remonte progressivement de la 24e à la 8e place. « J’ai compris la philosophie de ce bateau et vu tout le potentiel de vitesse au portant… Qu’est ce que ça fait du bien ! », s’enthousiasme le skipper, qui savoure sans s’emballer. « Restait ensuite la remontée au près, qui est malheureusement toujours une allure compliquée avec notre jeu de voiles très creux, pas du tout adapté ! »

Dans un vent particulièrement changeant qui rend impossible toute phase de repos – le skipper genevois n’aura accumulé qu’une heure de sommeil sur ces 44 heures de course – l’IMOCA Hublot limite les dégâts, mais ne peut contenir la concurrence. « Heureusement, sur les dernières heures de course, le vent s’est renforcé et j’ai pu recoller au bon peloton », se réjouit Alan, qui, lucide, « mesure tout le travail encore à mener sur ces points durs du bateau ».

C’est finalement bord à bord avec deux autres redoutables concurrents, Damien Seguin sur Groupe Apicil et Isabelle Joschke sur MASCF, qu’Alan fait son entrée dans la baie de Lorient. Un finish haletant où les trois participants au dernier Vendée Globe ne se sont pas fait de quartier et finissent en seulement deux minutes d’intervalle…

« C’était génial de finir sur cette note positive, à s’arracher jusqu’à la dernière seconde de course… le frisson de la compétition, c’est exactement ce que j’aime et que je viens chercher sur l’eau ! », souligne Alan, qui clôt cette épreuve « solo » en 13e position. « Je ne suis pas satisfait du classement final, mais je suis content des bonnes phases avec le bateau », résume-t-il, avec la sensation d’avoir « exploité au maximum les cartes que j’avais en main, tout en ayant un mauvais jeu ».

Une amertume qui s’est évidemment aussi fait sentir dimanche 18 septembre, pour la dernière épreuve de ce Défi Azimut : le tour de l’île de Groix. « Il paraît qu’il faut une première à tout, mais celle-ci je m’en serais bien passé », ironise le skipper qui termine en dernière position de l’épreuve, avec un chrono de 2 h 39 m 05 s. « En même temps, en lançant une régate dans 3 nœuds de vent, on savait que ça n’allait pas être à notre avantage ! » Heureusement, les invités du jour ont pu profiter du spectacle de ces géants au ralenti, pour une régate « qui ressemblait plus à une jolie parade de clôture ! ».

Une « furieuse envie de retourner sur l’eau »

La rentrée faite, c’est maintenant vers la suite du programme que se tourne Alan, animé d’une « furieuse envie de retourner sur l’eau ». Le marin, qui se réjouit de recevoir ses nouvelles voiles d’ici peu, n’a qu’une idée en tête : « m’entraîner, encore et encore, peu importe les conditions ».

À moins de cinquante jours du départ de la Route du Rhum - Destination Guadeloupe, le Suisse sait l’ampleur de l’épreuve qui l’attend. « Ce Défi Azimut nous a encore montré à quel point le plateau est relevé, et comme tout le monde est capable d’aller faire de grosses performances. » Son envie ? « Partir à trois bateaux dans le Golfe de Gascogne pour se confronter, et tester au mieux les nouvelles voiles dans des conditions musclées ». Avis à la concurrence, Alan est toujours en recherche de partenaires d’entraînement ! 



Photo © Jean-Louis Carli / Aléa 



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