alan-le-9-fevrier-2021

Alan, le 9 février 2021

10.02.2021


Joint par l'organisation du Vendée Globe mardi matin, Alan avouait être pressé de rejoindre les Sables d’Olonne et, si possible, devant Stéphane Le Diraison, avec qui il bataille au coude à coude depuis plusieurs jours. 



« Je suis toujours parti du principe que chaque Vendée Globe est différent : les conditions, l’état d’esprit… Pour moi, celui-ci est à l’opposé de mon premier. Pour le marin, c’est un test assez dur, que ce soit mental ou physique. Dans l’ensemble, c’est assez rude du début à la fin. Les deux derniers jours de mer vont être encore bien difficiles, ça aura été vraiment poussif du début à la fin, ça se joue à pas grand chose. C’est un test pour les nerfs, pour la patience. Ça fait une semaine que ça fait 3 jours qu'on est censé arriver ! On est au top !

J’aurais bien aimé finir la course tranquillement à mon rythme avec Stéphane (Le Diraison) un peu derrière. Il se trouve qu’il est à côté, actuellement il est même devant, ça ajoute du piquant, c’est quand même vachement cool. On a les mêmes bateaux, on a chacun nos problèmes, les vitesses varient vachement. On échange, ça fait passer le temps un peu plus vite. La nuit il faut être vigilant parce qu’on est vraiment proches, on reste vigilants niveau veille. Ça nous pousse à rester plus éveillés qu’en temps normal, du coup on fait aussi plus attention aux pêcheurs et aux cargos, ce n’est pas plus mal pour la fin de course.

Je le vois plutôt pas mal, il est à 1,5 milles sous mon vent. On ne se voit pas de personne à personne, on voit nos bateaux, mais d’ici une heure on devrait être côte à côte. Je suis en train de gentiment me rapprocher en latéral, on va peut-être prendre le café ensemble. Je trouve que c’est joli, même si j’aurais préféré rattraper un bateau de devant plutôt que de me faire rattraper, parce que ça fait plusieurs fois que je me retrouve dans cette situation. Il y a déjà eu Cali (Arnaud Boissières), Jérémie (Beyou) et Stéphane, c’est la deuxième fois qu’il me rattrape après une première fois dans l’Indien ! Mais je relativise vachement. Ça me fait plaisir, je suis fier d’arriver avec un bateau à côté de moi, peu importe le classement. C’est la fin du Vendée Globe, il a été dur, mon bateau commence vraiment à fatiguer, il est temps d'arriver. Je trouve que c’est bien.

J’aimerais bien arriver devant lui, c’est l’objectif mais il ne faut pas trop se prendre au jeu non plus. On est deux marins avant tout, on vient du circuit Mini, on se connait bien, on navigue un peu de la même manière. Mais quand on se retrouve côte à côté comme ça, on a un peu tendance à vouloir être plus toilé que l’autre, tirer un peu plus… Ce qui est normal, sauf que nos bateaux sont très fatigués alors il faut la jouer intelligemment jusqu’au bout. J’aimerais finir juste devant lui comme sur la Route du Rhum, mais même si je suis derrière, ça aura été une super course et je suis très content d’avoir fait un bout de route avec Stéphane.

Je vais en profiter pour remercier tous les gens qui me suivent et notamment dans mon pays. En Suisse, on n’a pas la chance d’avoir la mer, on a un lac, on est des marins d’eau douce ! Mais on a toujours eu cette attirance pour le large, pour l’océan. Il y a toujours eu des marins suisses. On est plusieurs en course au large mais sur le Vendée Globe je suis le seul aujourd’hui et j’espère qu’on sera plusieurs dans le futur. Il y a un fort engouement, je pense à Justine Mettraux sur Le Figaro et sur la Volvo qui est très douée, il y a Valentin Gautier et Simon Koster qui brillent aussi en Class40, je trouve ça chouette, la voile suisse est en pleine explosion, du coup les gens s’intéressent vachement, ça fait plaisir. Et en même temps, tu as l’impression d’avoir une responsabilité en plus, un poids sur les épaules car tu n’as pas le droit de décevoir. Dans les moments où ça ne va pas, de penser à ça, c’est presque plus dur. Je suis le seul Suisse, c’est super cool, mais le classement n’est pas celui espéré : est-ce que les gens sont déçus de cette place ou au contraire sont fiers que je n’ai rien lâché jusqu’au bout. Il faut essayer de relativiser, de se poser les bonnes questions. Je ne sais pas si ça m’aide mais en tout cas, ça fait plaisir de voir qu’il y a autant de monde derrière ce projet. »

[ ENGLISH ] 

Alan during tuesday morning vacation : « We are match-racing until the end, it is quite funny ! »


Image d'illustration © Christophe Breschi / La Fabrique



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