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Alan et la course au large : dix ans d’histoire, déjà !

28.10.2022


Cette année, Alan Roura fête ses 10 ans de coureur au large « professionnel ». S’il a dû attendre 2017 pour véritablement vivre de sa passion, c’est en effet dès 2012 que le jeune Suisse - 19 ans alors - a fait de la régate à la voile son métier. De ses premières courses en Mini 6.50 à sa troisième Route du Rhum, en IMOCA, il nous partage sa vision sur le milieu qui l’anime depuis toujours.

Le goût de l’aventure

« J’ai eu longtemps l’étiquette de l’aventurier, plus que du compétiteur, alors que je le suis tout autant ! La réalité, c’est que si tu n’es pas aventurier, tu ne peux pas faire de course comme la Route du Rhum ou le Vendée Globe. Il faut une part de folie pour tenir en solitaire, résister et s’adapter aux conditions... En mer, il convient de savoir tout faire, d’avoir le sens de la débrouille et d’être prêt à faire face à des situations qu’on n’avait pas anticipées. La gestion de l’incertitude et du danger fait de tous les marins des aventuriers. »

Le sens de la compétition

« C’est un aspect que j’ai en moi depuis toujours. D’ailleurs, si je n’étais pas compétiteur, je me contenterais de faire des transatlantiques tout seul ! Ce goût pour la performance est simple : tu es heureux de dépasser un bateau, énervé quand c’est l’inverse et dès la ligne d’arrivée franchie, tu es persuadé que tu peux mieux faire ! C’est un état d’esprit de régatier. Après, on doit tous s’adapter à son bateau, ses capacités mais en « tirer » le meilleur, sans l’endommager, ça a valeur de victoire en soi. »

La solitude à bord

« Il s’agit d’un sentiment que j’apprécie. J’aime être seul sur l’eau, pouvoir vivre cette forme de coupure avec la terre. Bien entendu, celle-ci est beaucoup plus forte lors d’un tour du monde que pendant un transatlantique. En mer, tout semble différent : j’ai l’impression d’avoir davantage confiance en moi, comme si les choix en mer – qui sont parfois pris sous la contrainte des conditions – étaient toujours plus faciles à prendre qu’à terre. »

La peur en mer

« D’une certaine façon, un marin y est confronté tous les jours. Elle prend des formes différentes : la peur de casser, la peur de ne pas atteindre ses objectifs, la peur de décevoir... Mais c’est l’un des aspects que j’aime le plus dans la course au solitaire : être obligé de faire face et de surmonter ses peurs. J’essaie toujours d’évacuer le stress au maximum, même dans une situation délicate. Il m’est arrivé, alors que mon bateau était dans une mauvaise posture au cœur d’une dépression, de prendre un café et de me poser pour réfléchir avant d’agir. Garder son sang-froid, vivre au jour le jour et accepter que tout peut s’arrêter subitement, c’est essentiel quand on prend le large. »



5 questions à Alan…

Lorsqu’on grandit sur un bateau dès l’âge de deux ans, qu’on part en famille autour du monde à partir de ses 11 ans, qu’on vit son enfance et son adolescence sur l’eau, qu’on rêve de course au large et qu’on a cumulé plus de 200 000 milles à la voile, est-ce qu’on a encore le mal de mer ? 

« Ça m’est arrivé de l’avoir quand j’étais petit, mais heureusement ce n’est plus du tout le cas ! »

Comment as-tu réussi à trouver tes marques à bord de ce bateau révolutionnaire, au cockpit complètement fermé, et qui a été conçu pour être le plus performant possible au Vendée Globe, l’événement le plus prestigieux de la course au large ? 

« En se mettant dans la tête d’Alex Thomson. Mais je vous assure que maintenant c’est le bateau d’Alan, à 100% ! »

Qu’est-ce qu’on ressent à l’idée de représenter Hublot, un des manufacturiers les plus connus au monde et qui compte aussi comme ambassadeurs Pelé et Kylian Mbappé ? 

« On se souvient de toutes ces années à passer devant le siège en Suisse à se dire : ce serait le rêve de construire un projet ensemble. Et nous y sommes ! »

Quand on a déjà participé à deux Vendée Globe et qu’on prépare le troisième, qu’on s’apprête à disputer une 3e Route du Rhum et qu’on a un bateau pour jouer aux avant-postes de toutes les courses, est-ce qu’on s’agace d’être toujours perçu comme un aventurier ?

« Si on n’est pas un peu aventurier, si on n’a pas une part de folie, on ne participe pas à ce genre de course. Je suis autant compétiteur qu’aventurier, l’un ne va pas sans l’autre ! »

La Suisse a une tradition avec la voile et la course au large, des victoires du Team Alinghi aux aventures de Dominique Wavre, Bernard Stamm et des tiennes... Tu as toujours revendiqué ta fierté de représenter la Suisse. Comment expliquer que ça ne s’est pas atténué en étant constamment sur les océans du globe ? 

« Il y a ce petit côté « Rasta Rockett » où tu arrives avec ton bobsleigh à tes couleurs et tu y vas ! Et puis tu as beau passer des années loin de chez toi, quand tu es Suisse, tu n’oublies jamais d’où tu viens ! »




Photo © Jean-Louis Carli / Bonhôte 



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